lundi 7 septembre 2009

Le test des forts

" Vérité au deçà de la Méditerranée, erreur au delà".
Blaise Pascal, Pensées*

On apprenait, ce 26 août 2009, par un communiqué reproduisant une annonce du palais royal, que le roi Mohammed VI du Maroc avait été placé en convalescence pour cinq jours à la suite d'une "infection" qui ne présente "aucune inquiétude sur sa santé". Le professeur Abdelaziz Maaouni, médecin personnel du roi et directeur de la clinique du palais royal, allait jusqu'à préciser que:

"Sa Majesté le roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, présente une infection à rotavirus avec signes digestifs et déshydratation aiguë nécessitant une convalescence de cinq jours".

Discrètement, les médias se sont étonnés de ce que l'on communique sur la santé du monarque: c'est la première fois, nous dit l'AFP, qu'un communiqué du palais royal annonce une convalescence du souverain depuis son intronisation en juillet 1999. Et ils ont été, évidemment, encore plus discrets à marquer leur étonnement devant la précision médicale des informations divulguées. Car, sans aller consulter la notice Rotavirus de Ouiquipédia, on comprend bien que ce qui est désigné par "signes digestifs et déshydratation aigüe" n'est autre qu'une affection assez "courante", qui expose le pauvre malade, dans ma campagne, à des plaisanteries un peu lourdes sur sa rapidité à regagner le "trône".

De manière assez aventureuse, les journaux marocains ont cru pouvoir faire leur travail d'information sur le sujet. Or il apparait que faire le point sur les rumeurs concernant la santé du roi, s'interroger sur cette annonce assez surprenante, s'entretenir avec un médecin de cette affection, bref aller au-delà du communiqué officiel, sont des pratiques dangereuses pour les médias marocains.

Une enquête "minutieuse" a été ordonnée par le procureur général de Rabat. On parle déjà d'une dizaine de journalistes qui "ont été interrogés par la police, parfois huit heures d'affilée"...

Un escadron de rotavirus en embuscade.


J'entends de ma mauvaise oreille de mauvaises langues dire avec mauvais esprit: "Dix gardes à vue, c'est comme chez nous !"

Non !

Je m'inscris en faux.

En France, il est possible de parler en toute liberté de la santé du chef de l'Etat, et même de dire n'importe quoi à ce sujet, sans se retrouver en garde à vue prolongée.

A la suite du petit malaise que fit monsieur Sarkozy au cours d'un exercice de djoguigne à Versailles, monsieur Balkany nous gratifia de déclarations insensées. Je ne sache pas qu'il fut pour cela inquiété le moins du monde.

On nous dit aujourd'hui qu'en marge du déplacement du président au Brésil, pour vendre des avions, un de ses conseillers aurait révélé que monsieur Sarkozy avait courageusement, et victorieusement, subi, samedi dernier, un "test d'effort".

Au lieu de renvoyer ce conseiller, l'Elysée confirme: "Tous les examens sont normaux".

C'est sûrement la vérité...

Attention, cet ECG n'est pas celui de monsieur Sarkozy !
C'est le mien, à la fin du test d'effort que je me suis offert pour mes 50 ans,
avant de me décider à vieillir un peu.



* Je tiens à préciser aux futurs bacheliers qui viennent de faire leur rentrée que cette "lecture" de Pascal est celle de l'un de mes plus vieux amis d'enfance, qui, après avoir fait une brillante carrière en tant qu'expert graphologue dans les services de la police scientifique, malgré un illettrisme de stature olympique, occupe sa retraite anticipée à un nouveau déchiffrement des brouillons de notre compatriote normand de passage Blaise Pascal. Tel que je le connais, il va révolutionner les études pascaliennes. Mais je conseille donc aux futurs bacheliers à s'en tenir aux interprétations plus académiques.

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