mardi 4 janvier 2011

Un philosophe dans le journal

"Bien entendu on retiendra un point essentiel,
qui est devenu comme un acquis commun de l'œuvre de Rancière:
l'égalité est déclarée et elle n'est jamais programmatique."

Alain Badiou, cité ici, sans référence.


Certains philosophes ont l'art de couper les concepts en quatre, et dans tous les sens, d'autres préfèrent les tresser en guirlandes décoratives. Lorsque leurs occupations mondaines leur en laissent le temps, ils essayent de penser...

Il me semble que Jacques Rancière, au contraire, commence par cela.

Ce qui n'en fait pas le candidat idéal pour les plateaux de jeux télévisés.

D'autant plus qu'il ne porte ni cravate, ni blanche chemise.
Photo extraite de la page de Lieux-dits qui lui est consacrée.

Occasionnellement, Libération, où l'on brasse tellement d'idées qu'il s'en glisse parfois une bonne, lui offre un peu d'espace dans sa rubrique "Idées"...

Hier, c'est lui qui inaugurait dans le quotidien une "série", intitulée Le populisme en question. Il est suivi aujourd'hui par Enzo Traverso, et le sera demain par Bernard Stiegler.

Titre et incipit du texte de Jacques Rancière :

Non, le peuple n’est pas une masse brutale et ignorante

Il ne se passe pas de jour où l’on n’entende dénoncer les risques du populisme. Il n’est pas pour autant facile de saisir ce que le mot désigne. Qu’est-ce qu’un populiste ? A travers tous les flottements du mot, le discours dominant semble le caractériser par trois traits essentiels : un style d’interlocution qui s’adresse directement au peuple par-delà ses représentants et ses notables ; l’affirmation que gouvernements et élites dirigeantes se soucient de leurs propres intérêts plus que de la chose publique ; une rhétorique identitaire qui exprime la crainte et le rejet des étrangers.

Il est clair pourtant qu’aucune nécessité ne lie ces trois traits. (...)


Pour lire la suite, il vous suffira de cliquer sur le lien:


Pour les gens pressés, voici la conclusion :

Ainsi ni les «populistes» ni le peuple mis en scène par les dénonciations rituelles du populisme ne répondent-ils vraiment à leur définition. Mais peu importe à ceux qui en agitent le fantôme. L’essentiel, pour eux, est d’amalgamer l’idée même du peuple démocratique à l’image de la foule dangereuse. Et d’en tirer la conclusion que nous devons nous en remettre à ceux qui nous gouvernent et que toute contestation de leur légitimité et de leur intégrité est la porte ouverte aux totalitarismes. «Mieux vaut une république bananière qu’une France fasciste», disait un des plus sinistres slogans antilepénistes d’avril 2002. Le battage actuel sur les dangers mortels du populisme vise à fonder en théorie l’idée que nous n’avons pas d’autre choix.

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